YOGA BISCARROSSE – Sandra Hamen

Le hatha yoga pour les occidentaux ?

 

5365433986_9020824d46_mPourquoi le  Hatha Yoga ne peut être une voie de libération pour la plupart des occidentaux en quête dʼabsolu !

Ayant été formée moi même au Hatha Yoga, passionnée et pratiquante régulière, je me permet donc d’exprimer mon ressenti et mes convictions concernant la recherche de «la Réalité Absolue « par la voie de cette discipline .

« la science de Hatha doit être gardée éminemment secrète par le Yogin désireux de perfection. Gardée secrète, elle devient effective. divulguée, elle perd sa force. «

Hatha Yoga Pradipika

« Hatha signifiant en sanscrit force, violence, le Hatha-Yoga est une voie raccourcie, mais 

nécessitant un effort extraordinaire, pour déboucher comme par effraction sur la Réalité 

Absolue. Selon une étymologie symbolique donné du mot hatha, le Hatha-Yoga est 

lʼunification du soleil (ha ) et de la Lune ( tha ), cʼest à dire de toute les dualités : Idâ et 

Pingalâ, souffle inspiré et souffle expiré, masculin et feminin, etc…»

Tara Michael- Les voies du Yoga

Il faut savoir que le yoga qui nous est enseigné en Occident, et même apparemment en

Inde, n’est qu’une pâle copie de la véritable tradition ancestrale du yoga .

Le yoga des Yoga Sutras de Patanjali, donc le yoga traditionnel, est un yoga qui

demande une complète absorption dans la discipline.

C’est une voie d’ascétisme et de solitude. 

« Le Hatha-Yoga ne requiert pas dʼautres qualifications de la part du disciple, quʼune 

consécration totale à la pratique du Yoga et une détermination inébranlable; mais il ne doit 

être pratiqué que sous la direction et la surveillance étroite dʼun guru compétent, car il 

implique des manipulations très dangereuses.»Tara Michael – Les voies du Yoga

« prenant place dans une telle cellule, et libre de tout souci, il ( le Hatha yogin ) doit se 

consacrer exclusivement à la pratique du yoga, selon la voie enseignée par son guru  »  

H.Y.Pradipika

Le Hatha Yoga  est la méthode, la préparation  qui conduit au Raja Yoga « Yoga Royal «

Le Raja Yoga est le but auquel doit aspirer le Hatha Yogin.

« Ayant salué en son gourou Natha lui meme, le yogi Svatmarama entreprend cet exposé 

de la science de Hatha uniquement en vue du Raja Yoga « 

Hatha Yoga Pradipika

« Le yoga c’est le samâdhi « ( yoga Bhâshya ).

 «Je te ferai voir Dieu comme tu me vois en ce moment. » Ramakrishna 

Le Hatha Yoga prépare donc le corps et lʼesprit , dans le seul but de lʼillumination , 

de lʼEnstase , du Samâdhi  . 

Le corps devient un temple.

Le Samâdhi est un état de libération des entraves de  la matière. C’est l’accès à l’éternel

dans un corps de chair, par la montée de la Kundalini, la puissance féminine, créatrice,

lovée à la base de la colonne vertébrale. La Kundalini se repose là, dans sa création la

plus grossière. La libération de cette force , donnera la possibilité de faire le chemin

inverse à la création, en partant cette fois du plan le plus grossier jusquʼau plan le plus

subtil pour finalement se fondre finalement dans la Conscience Suprême.

Le but est la réunion de Shiva ( Conscience suprême )  et Shakti ( Kundalini ) dans le

ballet primordial .

En tant que méthode le Hatha Yoga procède par étapes:

Les 8 étapes du Hatha Yoga  sont :

Yama : maîtrise, réfrènements : non- violence, non- nuisance, véracité, non-

vol, continence, non-possessivité

Niyama : disciplines, observances : pureté, contentement, effort ascétique, récitation (de

mantra, de textes sacrés), étude personnelle, consécration à Dieu (dépôt des fruits de ses

actes en le Seigneur).

Âsana : la posture

Prânâyâma : la maîtrise du souffle vital

Pratyâhâra : le retrait des sens

Dhârana : la fixation du mental, la concentration

Dhyâna : la méditation, la contemplation

Samâdhi : lʼenstase

Les trois derniers membres (dhāranā, dhyāna, samādhi) sont appelés samyama qui 

représente la partie essentielle du rāja yoga reposant sur les Yoga Sūtra.

Comme beaucoup de personnes qui suivent cette voie , la raison profonde qui pousse le

futur Yogi à prendre le chemin du yoga,  est cette quête parfois secrète et toujours sincère

de spiritualité concrète . Un espoir enthousiaste de suivre un chemin qui nous libérera des

entraves de la matière et des émotions illusoires.

Cette soif de spiritualité, que souvent notre propre religion nʼa pu étancher, pourra peut 

être être apaisé par par cette science venue dʼOrient, qui nous propose dʼexpérimenter 

dans son corps , sa conscience , un état divin que lʼon pressent.

En bref, nous cherchons un certain éveil, si ce n’est l’Eveil lui même.

Et là commence le début du chemin…

On commence sa formation ( si possible diplômante ! cʼest plus sérieux ! ) de Hatha yoga .

On progresse et le temps arrive ou l’on peut s’anoblir du nom de Yogi ou Yogini.

Les questionnement intérieur devient plus profond. On mature. On s’équilibre, nos

perceptions s’affinent, le système nerveux se calme, la méditation devient plus aisée et

agréable, le corps sʼassouplit…

A ce stade , on se rend compte que le yoga est un puissant anti-stress, on gagne en

assurance, et en respect pour la lignée de gourou à laquelle on est censé appartenir.

Les professeurs qui nous ont enseignés peuvent jouer encore un peu leur rôles en

corrigeant les petites erreurs de  postures, en répondant à nos questions plus pertinentes

sur la cosmologie hindou, les textes traditionnels de références , la phylosophie, la

science…

Mais en ce qui concerne la véritable question de l’éveil, on se retrouve bientôt seul.

Alors si la curiosité et la soif d’éternité se fait toujours sentir , nous plongeons plus

profondément  dans les oeuvres traditionnelles du yoga, nous plongeons à la source et

parfois on se rend sur place , en Inde quelques semaines et parfois des années chercher

des réponses.

Et c’est là que cela se complique car : 

C’est indéniable, être un yogi déjà ça se mérite 

( Et ce n’est pas le porte feuille qui dicte cela ! ) 

    Sa vie doit être orienté sans concession aucune au yoga et au but à atteindre. 

Ce nʼest pas de la figuration, ce nʼest pas du théâtre. Lʼacceptation totale dʼune 

supra conscience doit être un postulat de base . Ce nʼest pas une pseudo 

spiritualité qui peut être vécu comme bon me semble, mais une spiritualité bien 

vivante qui englobe tous les aspects de la vie.

Et là, cʼest vrai quʼen occident, à ce niveau, cʼest un peu plat.

En plus dʼêtre sincèrement spirituel et vouer son existence à cette unique cause, il faut au

préalable avoir pacifié son esprit :

( Maitrî, Vi,29 )

 » que personne nʼenseigne cette connaissance tout à fait secrète à quelqu’un qui n’est pas 

un fils, qui n’est pas un disciple, qui n’a pas pacifié son esprit. A quelqu’un qui est 

exclusivement dévoué à son maître, et qui possède toutes les qualités requises, on peut 

l’enseigner . »

Dans nos sociétés, ou lʼesprit est invité à sʼextérioriser à lʼextrême, à sʼabreuver du plaisir

des sens depuis la naissance, et faire de ce plaisir des sens la quête de lʼexistence, cʼest

un acte presque héroique que de pacifier ce même esprit et sʼextraire de lʼambition

mercantile collective.

Cela se complique encore plus lorsque en toute logique, le gourou, le maître est censé

être un exemple et posséder  LA CONNAISSANCE , afin de nous la transmettre au travers

des postures , mantras , yantras, mudras…

Je défie quiconque, d’ouvrir n’importe quelle école de yoga dans le but de se former

sérieusement à cette discipline dans le but cité plus haut ( ou pas ! ) et se voir demander

comme conditions préalables , une dévotion totale à son maître  (maître qui lui même aura

bien entendu , au préalable,  acquis la connaissance, atteint le Samâdhi ) un esprit apaisé, 

et un engagement total dans la recherche du but Suprême.

Le yoga de Patanjali sans aucun doutes, est une voie de libération, 

d’affranchissement.

Une voie qui date de plusieurs millénaire, ayant été expérimenté par le Bouddha.

Le terme yoga signifie grosso modo  » atteler ensemble, unir, joindre  » . Ce qui sous tend le

fait d’unir quelque chose en soi à un principe plus grand, mais également avec une notion

de diriger un ensemble, de discipline.

Le yoga propose donc de mettre a la disposition de l’être ordinaire une méthode qui

permet d’apprendre le contrôle de ce qu’il y a de fougueux, indiscipliné en l ‘homme, pour

enfin lui permettre de s’unir avec le principe créateur.

Le Hatha Yoga permet de parvenur à cette conaissance.

Parvenir au Rajā-yoga qui à pour but la libératon.

Le Hatha Yoga, possède 8 degrés, nous lʼavons vu plus haut.

Les 2 premiers degrés sont la base indispensable et les conditions majeures à la poursuite

du chemin du yoga. Elles sont  sont des avertissements quand aux qualités

exceptionnelles que l’on doit posséder avant de commencer même le chemin du Hatha

Yoga.

Les 2 premiers degrés cités dans le Yoga Sutra de Patanjali  sont :

Les principes relationnels                       et les                       les principes personnels

 

La non violence.                                                              Purification

La véracité.                                                              Le contentement

L’honnêteté.                                                           La discipline de vie

La tempérance.                                               Etude de soi par les textes

La non convoitise.                                       La dévotion à l’être omniscient

Les 2 premiers degrés cités dans  La Hatha-Yoga-Pradipika sont : 

Les yama et nyamas sont les mêmes que ceux des Upanishads Yogique.

Yama : La non violence, la véracité, l’honnêteté, la continence, le pardon, la constance, la

compasssion, la droiture, la modération dans la nourriture, et la pureté physique et morale.

Niyama : L’ascèse, le contentement, la croyance, le don, l’adoration de la divinité,

l’audition de l’exposé des principes du yoga, la honte, la compréhension juste, la répétition

des mantras et l’oblation.

Arrêtons nous un instant sur la première et donc plus importante des règles :

La non violence

La non violence est donc la tout première des qualités à acquérir.

La non violence est ici poussée à l’extrême.

Cela ne signifie pas seulement le fait de ne pas tuer ou être violent, cette condition

implique d’avoir absolument transcendé toute trace  d’agressivité consciente et

inconsciente en germe.

 Le yogi doit être au préalable un être compatissant et respectueux envers toute 

forme de vie. 

Les lois de Manus, texte en vers le plus important et le plus ancien de la tradition hindoue

du Dharma, est un discours prononcé par la sage Manu à un groupe de voyants, ou

rishis :

Pour le yogi  «  La non violence est le suprême devoir, la plus haute religion  »  » celui 

qui tue des êtres innocents dans un désir de plaisir égoiste n ‘atteindra jamais le bonheur, 

ni en cette vie , ni après la mort, tandis que celui qui cherche à ne pas causer les 

souffrances de la capture et de la mort aux créatures vivantes, mais désire le bien de 

toutes, obtient un bonheur illimité. Ayant bien considéré l’origine de la viande,et la cruauté  

d’attacher et d’abattre des êtres incarnés, qu’on s’abstienne de manger de la viande. »

Sans aller plus loin dans l’approfondissement de ces énumérations, il n’est pas difficile de

se rendre compte que l’étude approfondie des textes ainsi qu’un contrôle quotidien de ses

émotions, pensées et paroles, sont des préalables requis pour devenir un disciple en 

Yoga.

En ce qui me concerne je tente de respecter la première des règles, et cela me semble

déjà une épreuve de toute une vie…

Nous commençons à nous rendre compte du caractère héroique, de la démarche 

vers le chemin du Yoga.

Les 2 degrés suivant du Hatha Yoga ne doivent donc être apréhendés quʼune fois les 2

premiers intégrés :

Les asanas

Là encore, l’énumération des conseils prodigué par les textes traditionnels, vont nous

permettre de nous rendre compte encore une fois, que le Hatha Yoga doit être pris comme

une voie de libération extrêmement difficile, voire, dangereuse si elle n’est pas bien 

guidée, dans tous les cas quasiment inaccessible ….

Le pranayama

Le but du pranayama est la rétention du souffle pure ( kevala kumbaka ) qui provoquera

lʼéveil de la kundalini.

« Le kumbhaka de type inférieur dure quarante- deux secondes environ, celui de 

type moyen environ une minute et demie, celui de type supérieur environ 2 minutes. 

Si le yogin parvient à franchir cette limite supérieure, lʼénergie vitale pénètre dans 

Sushumâ. Si cette absorption, pendant laquelle toute respiration est suspendue, 

dure 10 minutes, cʼest ce que les Hatha-Yogin appellent le retrait des sens 

( pratyâhâra ); si elle dure deux heures, cʼest ce quʼils nomment concentration 

( dhâranâ) ; si elle dure un jour entier, cʼest ce quʼils nomment méditation ( dhyâna ), 

et si elle dure douze jours continûment, cʼest ce quʼils nomment samâdhi « Tara 

Michael – Les voies du Yoga

Bon…cʼest dit ! Le Samâdhi, la libération tant recherché par le Hatha Yogi, est un arrêt du 

souffle grossier, une sorte de mort à soi même , dans un corps en vie.

Cʼest un acte Surhumain

à la porté de très peu dʼhomme…

Mais que lʼon se rassure…en reprenant une phrase de Ramakrishna « J’ai pratiqué toutes 

les religions, du christianisme à l’islam et j’ai suivi chacune des voies propres aux diverses 

sectes de l’hindouisme. Et il m’est apparu que par des voies différentes toutes cheminent 

à la rencontre du même Dieu. […] Personne ne réalise que celui qu’on appelle Krishna est 

aussi appelé Shiva ou bien l’Energie divine (Shakti), Jésus ou Allah, ou encore Rama avec 

ses mille noms. »

Il existe beaucoup dʼautre chemin qui mènent à Dieu.

SANDRA HAMEN

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